Loi promulguée le 15 mars 1850 sous la IIeRépublique et donnant une part prépondérante à l'Église catholique dans le système éducatif français.
La loi Falloux (du nom
de son initiateur, un comte monarchiste et ultramontain élu en
avril 1848 à la Chambre des députés) fixa
durablement, pour partie jusqu'à nos jours, certaines règles
du système scolaire primaire et secondaire
français.(l'intégralité
de la loi:
cliquez)
En ce qui concerne l'enseignement primaire, elle y affirmait le
primat de l'éducation religieuse sur les autres matières
et la
prépondérance morale du curé sur l'enseignement
dispensé par l'instituteur. (cliquez
sur cette remarque pour voir ce qu'il en est 157 ans après)
Pour l'enseignement secondaire, l'indépendance la plus totale
y était laissée à la fois sur le plan
pédagogique et administratif aux établissements privés,
dits «libres» par la loi. Cette loi fixait donc, d'une
part, les règles régissant les rapports entre l'école
publique telle qu'avait commencé à la mettre en place
la loi
Guizot de 1833 et l'école privée; d'autre part,
elle donnait à l'Église catholique un pouvoir
considérable sur l'ensemble du système scolaire. Ainsi,
le conseil académique où siégeait de droit
l'évêque pouvait-il, sur simple rapport d'un curé,
déplacer à son aise l'instituteur du lieu; ainsi, les
religieux désireux de devenir enseignants se voyaient-ils
largement privilégiés; de ce fait, la totale liberté
laissée aux congrégations autorisées ou non (les
jésuites par exemple) d'ouvrir des collèges leur permit
de scolariser 48000 élèves en 1876 contre 40000
seulement pour les collèges publics. Cette loi traduisait, au
sein de l'Assemblée de la IIeRépublique, le
retour en force des notables ultramontains dans le cadre d'une
réaction dont Louis Veuillot et l'Univers étaient les
porte-drapeaux. Elle marquait aussi, de la part du président
Louis Napoléon Bonaparte, le souci de laisser à cette
droite de notabilités traditionnelles les coudées
franches, afin de pouvoir ultérieurement s'appuyer sur elle.
Elle marquait encore l'importance croissante que prenait, dans le
débat politique, la question scolaire; elle marquait enfin, et
avec quel éclat, l'entrée de Victor Hugo dans le combat
pour les libertés et bientôt pour la République.
Dans le discours qu'il opposa au projet, dénonçant le
«parti clérica!», il affirmait: «Cette loi
est votre loi. Tenez, franchement, je me défie de vous.
Instruire, c'est construire: je me défie de ce que vous
construisez.» Ainsi, avec la question scolaire, était
posée pour la fin du siècle le problème du
cléricalisme.
Frédéric, comte de Falloux
Homme politique français (Angers 1811-Angers 1886). Rallié au catholicisme libéral, député légitimiste de Segré (1846), il soutint la candidature de Louis Napoléon (1848), dont il obtint le ministère de l'Instruction publique et des Cultes (décembre 1848-octobre 1849). Cofondateur du parti de l'Ordre (1849), il élabora la loi sur l'enseignement qui porte son nom et qui fut votée sous son successeur. Député à la Législative (1849), il s'opposa à la politique du prince-président, fut arrêté lors du coup d'État du 2 décembre 1851, puis se retira en Anjou. (Académie française, 1856.)ensuit