ORIGINE DE L’ÉCOLE DE FAVARS .
D’après les délibérations du Conseil Municipal.
OUVERTURE DE L’ÉCOLE DE FILLES : choix de l’institutrice.
Registre des délibérations du Conseil Municipal : année 1874.
« L’an 1874 et le quinze du mois de février, le Conseil Municipal de la commune de Favars s’est réuni au lieu ordinaire de ses séances conformément à la lettre de M. le Préfet en date du 30 janvier dernier.
M. Le Maire, après avoir pris la présidence, donne lecture de la lettre de M. le Préfet et engage le Conseil à faire connaître à quelle catégorie d’institutrice Laïque ou Congréganiste il désire confier la direction de l’école de filles que M. le Préfet entend établir dans la commune de Favars.
Le Conseil, après en avoir délibéré, est d’avis de confier la direction de l’école à une institutrice congréganiste. Quant au logement, deux propriétaires du bourg, le sieur Laval et Mme Veillan ayant offert les appartements nécessaires, M. L’Inspecteur des Ecoles est prié de descendre sur les lieux pour examiner ces logements et faire le choix de celui qui conviendra le mieux, pour ensuite régler le prix avec le propriétaire.
Délibéré à Favars, les susdits jour, mois et an et ont signé les membres sachant le faire, les autres ont déclaré ne savoir.
Suit une seule signature : Bosredon, maire. »
Suite à cette décision de l’ouverture d’une école de filles, on peut supposer que l’école de garçons a été ouverte avant mais la date n’a pu être trouvée, un registre des délibérations du Conseil Municipal ayant disparu.
Délibération du 5 mars 1876.
« M. le Maire donne connaissance au Conseil d’une lettre en date du 23 février dernier par laquelle M. le Préfet invite le Conseil à voter la somme nécessaire à l’achat de la carte de la Corrèze en autant d’exemplaires qu’il y a de salles de classe. Le maire expose aussi qu’il a payé une somme de vingt cinq francs pour la confection d’une table pour la classe et qu’il demande au Conseil de voter la somme nécessaire pour qu’il soit remboursé.
Le Conseil Municipal, après en avoir délibéré, considérant que cette carte murale sera très utile à l’école et reconnaissant l’exactitude de la réclamation de M .le Maire, vote à l’unanimité la somme nécessaire pour un exemplaire de cette carte et le paiement de vingt cinq francs, le tout à prélever sur les fonds provenant de l’instruction primaire… »
L’achat d’une seule carte montre qu’il n’y a encore qu’une seule classe, celle des garçons, et que l’école de filles n’a pas encore été créée.
Délibération du 1er avril 1877 .
« Le Conseil municipal et les plus imposés de la commune de Favars se sont réunis au lieu ordinaire de leur séance… M. le Maire donne connaissance de la circulaire de M. le Préfet relative à une imposition extraordinaire de quatre centimes destinée à rendre gratuite la fréquentation de l’école communale. Le Conseil et les plus imposés, après en avoir délibéré, décident à la majorité d’imposer la commune des quatre centimes proposés.»
Pendant plusieurs années suivantes nous trouvons la même délibération mais qui sera ensuite votée à l’unanimité alors que pour cette première fois, elle l’est à la majorité.
Par le mot gratuité, il ne s’agissait pas des fournitures ou du matériel des élèves mais de l’argent qu’il fallait donner au maître pour le payer. La gratuité sera votée sur le plan national en 1881 et nous ne sommes qu’en 1877. A cette époque, participaient aux décisions concernant les impôts les conseillers élus mais aussi les plus imposés, c’est-à-dire ceux qui payaient le plus d’impôts, en général les principaux propriétaires fonciers.
En 1879, concernant les dépenses pour l’instruction primaire, nous trouvons 850 francs de traitement annuel pour l’institutrice et 450 francs de location pour la maison d’école garçons et filles. L’école de filles se serait donc ouverte entre 1876 et 1879.
ACHAT DE LA MAISON D’ÉCOLE COMMUNALE .
A partir de 1880, de nombreuses réunions du Conseil Municipal ont eu lieu pour l’achat de la maison d’école.
Délibération du 20 février 1880.
« Le Président fait la déclaration suivante : En vertu de la loi du 1er juillet 1878 et celle du 13 juillet dernier, il est obligation expresse que toute commune possède une maison d’école ; nous avons atermoyé le plus longtemps possible en raison de nos lourdes tâches mais nous ne pouvons plus longtemps nous soustraire à la loi et en bons patriotes nous devons prendre les mesures nécessaires pour avoir comme les autres communes une maison d’école. Nous ne sommes pas riches, il est vrai, mais nous ferons notre devoir ; nous pouvons du reste compter sur le concours de l’Etat qui ne nous fera pas défaut en cette circonstance. Ainsi, il vous appartient de désigner un local, une maison à cet effet.
Alors, M. Roche, Boussotrot, Farges et les autres membres présents proposent à M. Le maire de céder sa maison qui est la plus belle position à tous les points de vue. M . le Maire répond qu’il ne demande pas mieux que d’être agréable à la commune pourvu toutefois qu’on puisse s’entendre sur le prix. Le Conseil ajoute qu’il faudra que M. L’Inspecteur Primaire et un homme de l’art examinent cela, qu’ils sont prêts de leur côté à faire ce qu’il faudra et à l’unanimité, les membres présents donnent leur préférence à cet emplacement. Ensuite plusieurs membres pensent qu’il faudrait lors de cet examen faire voir à ces messieurs si le terrain qui reste de la nouvelle église pourrait convenir. M. Bossoutrot propose ensuite de faire examiner une maison sise à La Garenne ; il prétend que cette affaire mérite d’être vue.(en 1880, le maire était M. Laval).
Délibération du 27 mars 1881. (nouvelle délibération pour l’achat de la maison d’école)
« Vu le rapport de M. L’Inspecteur Primaire expliquant que la maison de M. Laval remplit les conditions nécessaires pour y établir les écoles, M. Le Président propose de l’acquérir.
Délibération du 15 mai 1881.
M. le Président met sous les yeux de l’assemblée les promesses de vente de la maison à acquérir, les plans et devis d’appropriation dressés par l’architecte du département. De ces promesses de vente et projets, il résulte que la dépense s’élèvera à :
- acquisition et frais de contrat et de purge : 18 170,26 frs
- projet de construction des salles de classe et réparations aux bâtiments : 7 929,74 frs
Total de la dépense : 26 100,00 frs
Dans ce chiffre, la salle de la mairie est comprise pour mille francs.
Le Conseil Municipal et les plus imposés :
-Approuvent la promesse de vente de la maison au prix indiqué,
- Approuvent le projet d’appropriation,
-Votent une somme de mille francs disponibles en caisse pour être employés au payement de la dépense relative à la mairie,
-Votent un emprunt à la caisse des lycées, collèges et écoles primaires de trois mille cinq cents francs environ remboursables en trente ans à partir de 1881,
-Votent un impôt extraordinaire de cent trente francs par an pendant trente ans à partir de 1881, le dit impôt représentant six centimes additionnels extraordinaires par an au principal de ses quatre contributions.
-Sollicitent du département et de l’Etat un secours de vint et un mille six cents francs pour compléter les ressources nécessaires à l’exécution du projet.
Le Conseil, fortement grevé par la reconstruction de l’église, insiste à l’unanimité auprès de M. le Ministre pour qu’il veuille bien accorder le secours qui est nécessaire à la commune et sans lequel il ne lui serait pas possible de donner suite à son projet et de doter les écoles des locaux nécessaires au progrès de l’instruction primaire en faveur de laquelle la commune n’a cessé depuis plusieurs années de faire les plus grands sacrifices pour son développement, surtout en assurant la gratuité absolue pour laquelle elle est encore grevé annuellement de quatre centimes additionnels extraordinaires.
Délibération du 19 mars 1882.
Dans cette délibération, deux conseillers municipaux sont choisis pour participer à l’adjudication des travaux pour l’appropriation de la maison d’école fixée à la préfecture pour le samedi 8 avril.
Délibération du 14 mai 1882.
« M. le Président donne connaissance du texte de la loi du 28 mars dernier qui rend l’enseignement primaire obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans révolus à 13 ans révolus. L’article 5 de la loi dit qu’une commission scolaire sera instituée dans chaque commune pour surveiller et encourager la fréquentation des écoles…
Le Conseil désigne pour faire partie de la commission municipale scolaire M. Bossoutrot, Roche Farges et Chaveroche »
Dans cette même séance il est aussi question des réparations à l’école et de la création d’une Caisse des Ecoles.
« L’institution de la Caisse des Ecoles est appelée à faciliter la fréquentation régulière de l’école par des secours aux enfants indigents, par la fourniture d’aliments chauds en hiver, de vêtements et de chaussures, par le don de livres de classe, papier,… Le Conseil, considérant que la commune équilibre à peine le budget, qu’il faudrait à cet effet une imposition extraordinaire, mesure devant laquelle on ne peut aller, attendu que divers impôts pour église, maison d’école double, mairie, atteignent déjà onéreusement les contribuables et les ressources de la commune, regrette de ne pouvoir affecter aucun fonds à la Caisse des Ecoles. »
De 1878 à 1885, la commune de Favars a eu des travaux importants : l’achat de l’école, les réparations aux bâtiments déjà existants, la construction des deux classes, la construction de la nouvelle église (l’ancienne était à côté du château) et le déplacement du cimetière d’a côté du château à l’emplacement actuel. La nomination d’une commission scolaire pour surveiller la fréquentation montre que cette fréquentation n’était pas régulière et que de nombreux enfants n’allaient pas encore à l’école.
Délibération du 20 mai 1883.
« Dépenses des écoles primaires communales pour l’année 1883 : M. le Président donne connaissance des dispositions des lois du 15 mars 1850,10 avril 1867,19 juillet 1875, 11 octobre 1880, 16 juin 1881, des décrets des 7 et 8 octobre 1850, 31 octobre 1873, 27 juillet 1870, 20 janvier 1873, 2 août, 10 et 29 août 1881, de la circulaire de M. le Ministre de l’Instruction Publique des 16 août et 22 octobre 1881, relatives aux dépenses de l’instruction primaire, et invite le Conseil Municipal à délibérer sur ces dépenses et les moyens d’y pourvoir pendant l’année 1883.
Le Conseil Municipal, après en avoir délibéré, propose de fixer ainsi les dépenses des écoles primaires communales pour l’année 1883 :
Traitement fixe de l’instituteur titulaire : 200 frs
Complément pour former le traitement minimum : 900 frs
Traitement fixe de l’institutrice titulaire : 200 frs
Complément pour former le traitement minimum : 500 frs
Total : 1 800 frs
Avisant le moyen d’acquitter ces dépenses, le conseil Municipal a décidé qu’elles seraient payées sur les ressources suivantes : une imposition spéciale de 4 centimes additionnels au principal des quatre contributions directes que le Conseil vote à cet effet au budget de 1883 devant produire une somme de 87,58 frs. En conséquence, le département ou l’Etat aura à fourni pour compléter les dépenses ordinaires et obligatoires de l’instruction publique en 1883 une subvention de 1 712,42 frs.
Ouverture d’un crédit de 8 000 frs pour travaux au groupe scolaire : sur proposition de M. le Maire relative à l’ouverture pour les dépenses effectuées et à venir du groupe scolaire, le Conseil Municipal, considérant que les travaux à exécuter pour l’appropriation de la maison d’école double sont évalués au devis estimatif à 7929,74 frs y compris celle à valoir pour travaux imprévus et honoraires, considérant que ces travaux sont en cours depuis le 16 avril dernier, vote l’ouverture d’un crédit de 8 000 frs pour servir au paiement des dits travaux. Et charge M. le Maire de s’entendre à cet effet avec M. le Receveur Municipal.
Délibéré à Favars les jour, mois et an susdits
Et ont signé les membres présents le sachant faire «
Suivent 5 signatures : Chaveroche, Bossoutrot, Roche, Farges et Laval, maire.
Remarques sur des deux délibérations :
1ère délibération : les instituteurs étaient payés par la commune et non par l’Etat comme actuellement mais la commune touchait la plus grande partie de ce traitement sous forme de subvention. Le traitement de l’institutrice (700 frs) et très inférieur (22%) à celui de l’instituteur (900 frs).
2ème délibération : cette somme assez importante pour les travaux à l’école et pour l’appropriation montre que l’école venait juste d’être achetée.
Cette même année, on trouve dans le registre une demande d’ouverture d’école dans le village de Champagnac :
Séance extraordinaire du 9 juillet 1883.
La séance étant ouverte, M. Le Président donne la parole à M. Bossoutrot qui fait la proposition suivante : Le Conseil Municipal émet un avis favorable pour la création d’une école au hameau de Champagnac, à condition, vu l’insuffisance des ressources de la commune, ressources épuisées par la construction de l’école du chef-lieu et celle de l’église, qu’elle n’aura rien à payer pour la création de ladite école ; décide en outre que la présente délibération serait considérée comme nulle au cas où la commune serait imposée d’office. Emet aussi le vœu que cette école soit établie dans la maison d’Arcambal.
Le président met aux voix cette proposition : elle est repoussée à une voix de majorité : cinq pour, six contre, une abstention : ont voté pour la proposition : M. Roche, Bouysset, Bouillaguet, Farges Léonard, Bossoutrot . Ont voté contre : M. Farges Jean, adjoint, Bosredon, Valeyrie, Murat, Combroux, Chaveroche. S’est abstenu : M. Laval Jean, maire.
Session ordinaire du 17 février 1884.
La séance étant ouverte, M. le Président donne lecture de la lettre de M. le Préfet datée du 24 janvier dernier relative à la création d’une école à Champagnac.
« Le Conseil Départemental de l’Instruction Publique, dit M. le Préfet, a, dans sa séance du 17 octobre 1883, ajourné la décision, attendu que la municipalité de Favars n’a pas encore donné son adhésion. Au point de vue local, M. d’Arcambal, conseiller à la cour d’appel d’Agen et propriétaire d’une maison au lieu de Champagnac, offre de vendre cet immeuble qui est, paraît-il, convenable à l’installation de l’école projetée. »
M. le Maire chargé par M. le Préfet de soumettre à nouveau la demande de cette création au Conseil Municipal, invite la dite assemblée à émettre son avis et de le donner cette fois motivé.
Le Conseil, après en avoir délibéré, considérant :
- Que le groupe scolaire du chef-lieu de la commune nouvellement construit suffit largement à la fréquentation scolaire
-Que le hameau de Champagnac n’est situé qu’à deux kilomètres environ du dit groupe scolaire
-Que par suite, la création d’une école à Champagnac n’est nullement justifiée.
Le Conseil confirme son vote antérieur du 9 septembre dernier par lequel il repousse tout projet de création d’école à Champagnac. »
(Qui voulait faire une école à Champagnac ? Quel était le nombre d’enfants qui auraient fréquenté ? Nous ne trouvons aucune réponse dans les délibérations.)
Séance du 6 avril 1884.
« Considérant que la commune de Favars a épuisé toutes ses ressources, qu’elle s’est déjà imposées de 32 centimes pour ses bâtiments communaux, son budget ordinaire ne peut s’équilibrer qu’au moyen de l’impôt.
Considérant que les travaux projetés sont cependant indispensables à l’achèvement et à la bonne installation des écoles de garçons et de filles,
Exprime le regret de ne pouvoir faire de nouveaux sacrifices, et prie M. le Ministre de l’Instruction Publique de venir en aide à la commune de Favars en lui allouant une nouvelle subvention de 5 309,20 frs pour l’achèvement des bâtiments du groupe scolaire.
Le Conseil se permet d’appuyer sa demande sur le profond attachement de la commune aux institutions républicaines, attachement qui s’est manifesté dans toutes les occasions qui lui ont été fournies… »
(En 1884, nous trouvons le même délibération qu’en 1883 concernant le paiement de l’instituteur et de l’institutrice : aucune augmentation.)
Séance du 15 février 1885.
« M. le Maire expose qu’en 1883, la commission départementale a accordé à l’école de filles une subvention de 50 frs pour l’achat de mobilier scolaire. »
Séance du 22 novembre 1885. Appropriation de la partie ancienne du bâtiment pour le logement des maîtres, agrandissement des cours et clôtures. Il y avait deux cours séparées par un mur : cour des garçons et cours des filles.
Séance du 15 août 1887 : Demande de secours pour achat de poêles scolaires.
« Abordant ensuite la question des poêles scolaires , M. le Maire expose que bon nombre d’élèves étant retenus chez eux pendant deux mois au moins à cause du froid, il y a lieu de faire pour les salles d’école l’acquisition de deux poêles, afin d’assurer une fréquentation scolaire plus régulière et de répondre ainsi au légitime vœu des familles.
Le Conseil, considérant que la commune de Favars est grevé d’impôts, prie M. le Préfet de vouloir bien solliciter auprès de la commission départementale un secours dans une mesure aussi large que possible. »
Séance de novembre 1887 : (un secours de 40 frs a été accordé pour les deux poêles achetés à la rentrée : ces poêles coutaient 95 frs.
Séance du 24 février 1889 ;
« Considérant qu’il est bon que la maison d’école ait un jardin qui puisse fournir des légumes aux maîtres en même temps qu’un champ d’expérience pour les élèves
Considérant que la commune possède deux jardins vastes et fertiles dont la jouissance avait été accordée au desservant ,(le curé de la commune)
Considérant enfin qu’un seul jardin serait suffisant pour fournir au presbytère plus de plantes légumineuses qu’il ne lui en faut,
Le Conseil vote à l’unanimité de donner à la maison d’école un des jardins dont la jouissance avait été accordée jadis au desservant. Le Conseil, se basant sur une idée de justice, prie M. le Préfet de vouloir bien certifier le dit vote et de lui donner la suite qu’il comporte. (le préfet donnera son accord : ainsi l’instituteur et le curé auront chacun leur jardin !).
(Recherches effectuées par Georges Delcros.)
A suivre dans une prochaine publication :
LA VIE DE L’ÉCOLE DE 1899 A 1917 GRÂCE AUX DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIL MUNICIPAL DE FAVARS.
Favars est une commune de Tulle campagne nord